Le sport est désormais reconnu comme un allié santé incontournable, largement recommandé pour entretenir la forme et limiter les risques de maladies graves ou chroniques. Toutefois, la prévention n’est pas son seul atout. En effet, même chez une personne atteinte d’un cancer, la pratique d’une activité physique adaptée peut s’avérer très salutaire. C’est le message que s’évertuent à faire passer le cancérologue-radiothérapeute Thierry Bouillet et l’ancien champion de karaté, Jean-Marc Descotes, fondateurs de la fédération CAMI Sport et Santé. Depuis 2000, les deux hommes militent activement pour que les protocoles de soins anticancéreux intègrent aussi une dose d’accompagnement physique et sportif, spécifique à chaque cas.

L’activité physique comme thérapeutique non médicamenteuse

Le 12 octobre dernier, la CAMI a présenté les résultats de son enquête nationale, menée en partenariat avec le laboratoire Amgen et destinée à évaluer la place qu’occupe le sport en cancérologie. L’étude a permis de démontrer que la plupart des participants (1554 patients et 894 soignants) sont convaincus des réels bénéfices que peut apporter la pratique d’une activité physique, pendant et après un traitement anticancer : meilleure résistance aux effets secondaires des traitements, diminution de la douleur et de la fatigue, mieux-être psychologique, moins de risques de rechute, plus de chances de rémission et de survie. D’ailleurs, près de 3 malades sur 4 affirment avoir continué ou commencé le sport après l’annonce du diagnostic.

Pour des malades et des soignants mieux informés

Cependant, il reste encore quelques blocages, notamment chez ces patients persuadés que cancer rime avec repos et inactivité. Ils renoncent ainsi à toute forme d’exercice, par manque de volonté,  aussi parfois, et s’enfoncent dans une sédentarité préjudiciable à leur état.

De leur côté, de nombreux soignants avouent ne pas toujours informer correctement leurs patients, et omettent, soit par ignorance ou manque de temps lors des consultations, de leur parler des programmes d’activité sportive spécialement conçus pour eux.

Sport sur ordonnance

Si à certains niveaux, des progrès sont encore à faire en matière d’information, l’idée que le sport est bon pour la santé semble bien admise. D’ailleurs, plusieurs députés, comme Valérie Fourneyron, ministre des sports sous l’ancien gouvernement Ayrault, ont ainsi proposé un amendement au projet de loi de santé du 26 janvier 2016, autorisant les médecins à prescrire des séances d’activité physique pour des personnes atteintes de maladies chroniques. Le cadre de la prise en charge n’est pas encore complètement défini, mais l’enjeu est de taille puisque 9 millions de Français seraient concernés.

Article de Nathalie DENTICO : Source: Le Monde